Richard Amerson, Train On A Hill (Train Imitation), Deep River of Song : Alabama (The Alan Lomax Collection), Rounder, 2001
Léo Bioret : N’ayant pas eu l’occasion de parler avec toi de ton intervention au Blockhaus en novembre dernier avec la présentation de la pièce Less is more, peut-on revenir sur ce travail ?
OliveOlivier : Pour la première présentation publique de Less is more, je me suis risqué à un parti pris qui, selon moi, tenait plus de la gageure que du parcours balisé : n’exposer qu’une seule œuvre, qui ne dure qu’une minute et quarante-deux secondes, et qui est relativement radicale : minimale et évanescente. C’était également un défi technique : au moindre dysfonctionnement, l’œuvre pouvait ne pas s’activer ce qui avait pour conséquence immédiate que le public ne voyait, littéralement, rien ; il restait plongé dans le noir le plus complet. C’est pour cette raison que tout (scénographie, timing, etc.) avait été réglé comme du papier à musique. Les diapositives dont je me sers dans cette pièce ont été confectionnées pour l’occasion et avec une précision au centième de millimètre. Pour les réaliser, j’ai travaillé avec Serge Koutchinsky, photographe et spécialiste des projections diapo, grâce auquel cette pièce a ainsi gagné en intensité. Je me suis également adjoint les services de différentes personnes, dont ceux d’un vidéaste, Mac Néma, un ami avec lequel je collabore sur différents projets depuis un temps certain.
Cette oeuvre est donc tout autant l’histoire de rencontres humaines et artistiques que d’un long et patient processus de création : il m’a fallu deux ans de recherches à tâtons, d’expérimentations, pour arriver à la forme qui a été présentée en novembre dernier.
En somme, je pense que Less is more représente pour moi une synthèse partielle de mes préoccupations plastiques : c’est un travail que je tenais absolument à présenter au Blockhaus DY10 de Nantes, car ce dernier me permettait de créer un tout cohérent, une mise en abyme contextuelle où je pouvais utiliser des notions qui me tiennent à cœur. In situ et tautologique, cette pièce est une œuvre minimaliste, qui parle d’architecture minimaliste dans une scénographie minimaliste.
Cet espace d’exposition, on ne peut plus brut de décoffrage, était par conséquent des plus indiqués. Mais, en résumé, c’est également un travail sur le point de vue, sur l’éphémère, une installation sensorielle qui cherche à manifester l’immatériel, à rendre visible l’invisible sous une forme qui se situe entre la performance, le vernissage et l’exposition.